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Mary Prince

(1788-?)

Née esclave de parents esclaves, aux Bermudes (territoire britannique), Mary Prince fut la première femme esclave à publier le récit de sa vie. The History of Mary Prince, a West Indian Slave. Related by Herself parut au Royaume-Uni, en 1831. D’abord esclave domestique, plusieurs frois revendue, elle est envoyée en 1806 aux Îles Turques-et-Caïques, où les Bermudiens ont développé la production et le commerce du sel. Les conditions de travail y sont particulièrement difficiles : les esclaves souffrent de cloques et de plaies persistantes à cause de leurs très longues journées de travail dans l’eau des marais salants, tandis que la lumière du soleil réfléchie par le sel affecte leur vue. Mary Prince y passe plusieurs années avant de rentrer aux Bermudes.

En 1815, elle est vendue à un nouveau maître qui l’emmène à Antigua. Elle rejoint l’Église des Frères moraves, où elle rencontre son futur mari, un ancien esclave, charpentier, qui a acheté sa liberté et qu’elle épouse en 1826.

En 1828, elle accompagne son maître en Angleterre, qui ne reconnaît pas l’esclavage sur son sol. Son maître refusant de la laisser acheter sa liberté, ce qui lui permettrait de retourner à Antigua vivre avec son mari sans être asservie de nouveau, Prince consulte une société antiesclavagiste qui tente d’interpeller le Parlement sur son émancipation. Son maître retourne à Antigua sans elle, avant que le cas ne soit examiné. Peu après, elle entre au service de l’abolitionniste Thomas Pringle comme domestique.

C’est chez Pringle qu’elle dicte son histoire à une militante de la cause abolitionniste. Le récit est publié en 1831 en Angleterre et aussitôt réédité. Plusieurs procès s’ensuivent, lancés par ses anciens propriétaires, qui s’estiment diffamés. Mary Prince apparaît pour la dernière fois dans les archives à cette occasion, en 1833. On ignore ce qu’il advint d’elle après cela.

Le récit de Mary Prince joua un grand rôle dans la prise de conscience par les Anglais de l’horreur de l’esclavage dans leurs colonies des Caraïbes (l’abolition fut votée en 1833 et  devint effective pour tous les esclaves en 1838). C’est aussi l’un des rares témoignages publiés par une femme. Esclave domestique indocile dans sa jeunesse puis saunière rebelle endurant des conditions de travail terribles, mariée à un affranchi malgré la réprobation de son maître, conquérant sa liberté à l’occasion d’un séjour en Angleterre, Mary Prince se révèle une résistante tenace à tous les stades de sa vie.

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