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Solomon Northup

(1808-?)

Né libre dans l’Etat de New York, marié et père de trois enfants, Solomon Northup fut victime d’un guet-apens quand il avait trente-deux ans. Il avait jusque-là exercé divers métiers (fermier, ouvrier sur un canal, flotteur, bûcheron, cocher) et complétait ses revenus en jouant du violon dans des hôtels et des fêtes. Deux hommes l’attirèrent à New York puis à Washington, en lui faisant miroiter un lucratif engagement comme violoniste. Arrivé dans la capitale, il fut drogué et kidnappé, vendu à un marchand d’esclaves, puis transporté par bateau à La Nouvelle-Orléans, où il fut vendu à un planteur de Louisiane. Ce n’est qu’au bout de douze ans que son statut d’homme libre put être prouvé et qu’il retrouva la liberté.

Il publia son récit, Twelve Years a Slave: Narrative of Solomon Northup, a Citizen of New-York, Kidnapped in Washington City in 1841, and Rescued in 1853, l’année de sa libération, en 1853, avec l’aide d’un avocat abolitionniste blanc, David Wilson. Le livre se vendit à plus de 30 000 exemplaires. Northup  œuvra aussi pour l’abolition de l’esclavage en donnant des conférences et en aidant les esclaves qui tentaient de passer au Canada grâce au chemin de fer clandestin, un réseau de soutien aux esclaves fugitifs. Après sa libération, il intenta un procès au marchand d’esclaves, mais il n’obtint pas gain de cause car, en tant qu’homme noir, il ne pouvait pas témoigner contre des Blancs. On ignore quand et comment Northup est mort.

Son récit se distingue de la plupart des récits d’anciens esclaves par sa grande précision et sa longueur. Comme il n’a pas toujours été esclave, Northup pense à décrire des détails que d’autres passent sous silence. C’est aussi l’un des rares textes qui racontent la vie dans les plantations du Sud profond, dans son cas en Louisiane, d’où très peu d’esclaves parvenaient à s’échapper. Enfin, Northup aborde la situation des femmes esclaves, à travers le sort de Patsey notamment, alors que de nombreux récits ont trop de pudeur pour l’évoquer clairement. Il montre que les femmes étaient doublement esclaves puisque, après avoir travaillé toute la journée, certaines devenaient en plus les esclaves sexuelles de leur maître.

Extraits proposés sur le site :

  1. Chasse à l’homme dans les bayous de Louisiane Solomon Northup : Chasse à l'homme dans les bayous de Louisiane : après avoir presque tué son propriétaire, Solomon Northup prend la fuite (p. 136-142).
  2. Le travail sur une plantation de coton Solomon Northup : Le travail sur une plantation de coton : description très précise de la culture du coton en Louisiane (p. 165-175).
  3. Eh bien dansez maintenant ! Solomon Northup : Eh bien dansez maintenant ! : lorsque leur maître rentre ivre d’une partie de chasse, les esclaves doivent danser tandis que Solomon Northup joue du violon sous la menace du fouet (p. 180-183).
  4. Travail dominical Solomon Northup : Travail dominical : les esclaves peuvent conserver l’argent qu’ils gagnent le dimanche, seul moyen d’améliorer leur quotidien (p. 194-196).
  5. Commandeurs et surveillants Solomon Northup : Commandeurs et surveillants : le rôle du commandeur et des surveillants sur les grandes plantations (p. 223-227).
  6. Comment poster une lettre ? Solomon Northup : Comment poster une lettre ? : Solomon Northup, qui veut faire parvenir une lettre à ses amis ou à sa famille dans le Nord, explique la difficulté de l’entreprise pour un esclave (p. 230-235).
  7. Le mot « liberté » Solomon Northup : Le mot "liberté" : la liberté du point de vue des esclaves (p. 259-260).

En 1807, le Congrès américain avait voté l’interdiction de l’importation d’esclaves, pour mettre fin à la traite atlantique (sans pour autant interdire l’esclavage, qui subsista dans le Sud jusqu’en 1865). Un commerce de contrebande d’esclaves perdura quelques décennies aux Etats-Unis, mais à petite échelle, si bien que les Etats esclavagistes se trouvaient limités au marché intérieur pour renouveler leur population d’esclaves, alors même que le boom du coton faisait augmenter les besoins de main d’œuvre. Dans ce contexte, certains marchands n’hésitaient pas à kidnapper des Afro-Américains libres, qui vivaient dans le Nord, comme Solomon Northup, pour les revendre comme esclaves dans le Sud. Il était ensuite très difficile pour ces derniers de prouver qu’ils étaient libres. Souvent isolés dans la campagne, surveillés de près et battus dès qu’ils transgressaient les règles, les esclaves n’avaient généralement pas le droit de lire ni d’écrire. Ce n’est qu’après plusieurs tentatives de fuite et des essais infructueux pour informer sa famille de son sort que Solomon Northup réussit à faire parvenir une lettre dans le Nord, grâce à un charpentier canadien venu travailler sur la plantation où il se trouvait, et qu’il avait entendu défendre des thèses abolitionnistes.