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Henry « Box » Brown : Mariage et esclavage

07/03/2011

« Je vais répéter ce que beaucoup savent déjà : il ne peut exister de véritable mariage parmi les esclaves. Parler de mariage dans un tel système ! Un propriétaire de harem ou de maison close a autant intérêt à autoriser ses pensionnaires à se marier qu’un propriétaire d’esclaves du Sud. Le mariage, comme on le sait, est l’union volontaire et parfaite d’un homme et d’une femme, qui n’ont pas à s’en remettre à l’avis d’un tiers. Or l’esclavage rend cela impossible puisque dès qu’un esclave est autorisé à former l’union de son choix, le joug de l’esclavage se rompt. Un esclave n’a de femme qu’au gré de son maître, qui peut de surcroît impunément violer la chasteté de celle-ci. À mon humble avis, l’un des principaux motifs animant les esclavagistes et les incitant à ne pas desserrer leur étau est le contrôle absolu qu’ils exercent sur les femmes esclaves. La plupart des propriétaires sont luxurieux et certains des meilleurs et des plus respectables maîtres prennent leurs esclaves pour maîtresses. Ils y ont d’ailleurs intérêt financièrement. En augmentant leur progéniture, ils multiplient les dollars et les cents qui remplissent leurs poches, au lieu d’accroître leurs dépenses, comme il arriverait si leurs esclaves étaient libres ; en outre, la valeur des esclaves mulâtres est supérieure à celle des esclaves foncés ; mais c’est un sujet trop horrible pour s’y arrêter. Je dirai simplement qu’aucun esclave n’est assuré de conserver sa femme ou son mari une seule heure. L’esclave est donc fortement dissuadé de s’unir par amour car il ne peut savoir quand les liens de son cœur seront tranchés net par la main d’un brutal trafiquant d’esclaves. »

Henry Box Brown, Narrative of the Life of Henry Box Brown, Who Escaped from Slavery, Enclosed in a Box 3 Feet Long and 2 Wide. Written from a Statement of Facts Made by Himself, Boston, Brown and Stearns, 1849, p. 22-23. Traduction française Hélène Tronc. Tous droits réservés.

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