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Henry Watson : Rites de mariage

23/06/2010

« On a beaucoup parlé des rites de mariage des esclaves, mais il n’en existe aucune forme légale : chaque propriétaire d’esclaves a les siens. Permettez-moi donc d’exposer à mes lecteurs la manière dont mon maître pratiquait cette cérémonie. Chaque fois qu’une place était libérée dans l’une des cabanes par un homme ou une femme en âge d’être marié, il achetait aussitôt un ou une esclave, selon les cas, pour la remplir, et présentait le nouveau venu aux autres occupants par ces mots : « Kitty, avance-toi ; j’ai acheté aujourd’hui ce garçon qui sera ton mari et je veux que tu prennes bien soin de lui, que tu laves et reprises ses habits. Tu connais les ordres que j’ai donnés au commandeur ; si l’un de vous va aux champs le lundi matin avec des vêtements sales, vous serez fouettés. Tu devras aussi t’occuper de ses provisions, qui seront pesées avec les tiennes. Il faudra cuire son repas et le mettre dans son seau avant qu’il parte aux champs chaque matin. Tu comprends bien ce que je t’ai dit ? » L’esclave devait répondre en s’inclinant : « Oui, Monsieur. » Puis il confiait à l’homme la charge suivante : « Tom, tu auras cette fille pour femme et tu prendras soin d’elle en lui récoltant du bois, en lui faisant du feu, en lui apportant de l’eau. Si toi ou ta femme avez besoin de quelque chose, tu peux te le procurer en travaillant le dimanche, et je te donnerai pour cinquante cents de provisions.» Il leur demandait ensuite s’ils avaient tous les deux bien compris ses ordres. Ils acquiesçaient poliment, en s’inclinant à nouveau. Il les prononçait alors mari et femme et ajoutait ces paroles : « Si vous manquez à un seul des devoirs que j’ai cités, vous serez sévèrement fouettés. »

Henry Watson, Narrative of Henry Watson, a Fugitive Slave, Boston, Bela Marsh, 1848, p.18. Trad. française Hélène Tronc. Tous droits réservés.

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