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Henry Watson : Esclave de jour et de nuit

09/11/2010

« Mon maître était un homme marié. Je n’avais jamais vu sa femme car elle habitait chez sa mère, à soixante miles de la ville. Lorsqu’elle vivait avec lui en ville, elle avait découvert qu’il avait pris pour épouse l’une de ses esclaves ; elle l’avait quitté et s’était réfugiée chez sa mère. Il entreprenait ce voyage afin de la convaincre de revenir auprès de lui. Je l’accompagnais. Malgré tous ses efforts pour la persuader, elle refusa de le suivre. Il rentra à Natchez furieux de son échec et résolu à ne plus jamais tenter de se réconcilier avec elle. Il décida de quitter la ville et acheta une ferme près de Vicksburg, sur le Mississippi, où il s’installa. Mon maître avait toujours été un homme cruel mais après cet échec avec sa femme, il devint un parfait tyran, qui fouettait ses esclaves sans pitié. Voilà l’une des multiples manières dont les esclavagistes licencieux font souffrir leurs pauvres esclaves ; ils leur volent de force leur vertu puis leur lacèrent le dos pour les punir de s’être laissé forcer. Peu après l’achat de sa ferme, il prit pour épouse une autre de ses esclaves, dont il eut deux enfants. Ils n’étaient pas mieux traités que ceux des autres esclaves ; leur mère passait ses journées dans les champs et ses nuits dans sa chambre. »

Henry Watson, Narrative of Henry Watson, a Fugitive Slave, Boston, Bela Marsh, 1848, p.13-14. Traduction française Hélène Tronc. Tous droits réservés.

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