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Lewis Garrard Clarke : Blancs ou noirs ?

27/11/2010

« Comme il est courant chez les femmes qui possèdent des esclaves, Mme Barton paraissait me haïr et me maltraiter d’autant plus que le sang de son père coulait dans mes veines. Aucun esclave n’est traité aussi durement que celui qui a des liens de parenté avec une femme blanche voire est l’enfant de son mari : il semble qu’elle ne puisse jamais le haïr assez. Mes sœurs étaient aussi blanches et belles que les plus blanches et les plus belles demoiselles du Kentucky. Un jour, un jeune homme se présenta chez M. Campbell pour rendre visite à la sœur de Mme Banton. Apercevant dans la maison l’une des mes sœurs, qui était bien vêtue et avait un air de famille évident, il pensa qu’elle était Mlle Campbell et, fort de cette conviction, lui adressa des mots destinés uniquement aux oreilles de cette dernière. La méprise s’ébruita et fit sourire la jeunesse. Mme Banton l’apprit et bouillonna de colère – tout ce qui divertissait et amusait les autres la rendait furieuse. Il existe des sources d’eau chaude dans le Kentucky ; elle leur ressemblait, sauf que c’est d’un poison brûlant qu’elle débordait.

C’est sur moi qu’elle décida de se venger de l’innocente erreur commise par le jeune homme. Elle allait « m’arranger pour que personne ne puisse penser que j’étais blanc». Un jour de grande chaleur, elle me fit donc ôter tous mes haillons, aller au jardin et cueillir des herbes pendant plusieurs heures, afin que ma peau noircisse en brûlant. Elle m’aspergea d’eau froide quand je sortis, pour accroître l’effet du soleil, et à mon retour roua de coups mon dos couvert de cloques. »

Lewis Garrard Clarke, Narrative of the Sufferings of Lewis Clarke, During a Captivity of More than Twenty-Five Years, Among the Algerines of Kentucky, One of the So Called Christian States of North America, Boston, David H. Ela, 1845, p. 20-21. Traduction française Hélène Tronc. Tous droits réservés.

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